On entend de plus en plus cette phrase dans la bouche de nos ministres de la Transition écologique. Il est intéressant de décrypter cet élément de langage en 4 points :
D'abord un rappel rapide : Dans ses prévisions, le GIEC a élaboré plusieurs scénarios de réchauffement climatique, avec différentes trajectoires allant de +1,5°C à +4°C. Le scénario à +1,5°C est désormais quasi inéluctable, compte tenu du retard pris dans la lutte contre ce phénomène, ainsi que de l'inertie climatique, qui fait que même en réduisant les émissions, le réchauffement se poursuivra pendant un certain temps.
Nous pourrions alors nous dire qu'installer progressivement l'idée qu'il faut se préparer à un monde à +4°C est plutôt responsable et pragmatique de la part de nos dirigeants... Et c'est vrai ! Car c'est de plus en plus le scénario vers lequel on se dirige. Il serait irresponsable de ne pas s'y préparer.
Mais derrière cette formule presque rassurante se cachent des bouleversements majeurs qu'il serait tout aussi responsable d'expliquer.
Quelques exemples : Vous n'avez pas aimé la pluie cet été ? Vous allez être servis ! Les travaux du GIEC montrent une corrélation directe entre le réchauffement et les précipitations, via le phénomène d'évaporation. Et comme les événements récents l'ont montré, cette pluie abondante ne tombera pas de manière régulière et répartie de façon homogène. De nombreuses communes et territoires en France seront directement menacés.
"Et en même temps", des périodes successives de canicules et de sécheresses rendront certaines régions invivables (comme on peut déjà le voir en Occitanie, où certaines communes refusent de nouveaux permis de construire faute de ressources en eau).
La fragilisation de l'agriculture et de notre capacité à répondre à nos besoins alimentaires : inondations, sécheresses... De nombreux domaines agricoles sont déjà affectés et le seront encore davantage dans un climat encore plus instable, marqué par des fluctuations extrêmes.
En d'autres termes, de nombreux secteurs économiques seront lourdement impactés : agroalimentaire, tourisme, habitat...
Enfin, le point le plus problématique est que cette formule constitue un aveu de faiblesse et d’insuffisance des actions, une manière implicite de dire que nous n’atteindrons pas les objectifs fixés par les Accords de Paris. Derrière cette résignation, l'idée que continuer le "business as usual" ne serait pas si grave finalement. On remarque d'ailleurs que les débats autour du pouvoir d'achat prennent souvent le pas sur ceux liés au climat.
En conclusion, la lutte contre le réchauffement climatique, c'est aussi une affaire de discernement et de choix de communication !
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